Nouveau fragment d’histoire de l’éducation
Il y a quelque temps, j’avais publié un "fragment d’histoire de l’éducation" à partir de deux lettres envoyées à mes grand-parents durant des colonies de vacances.
Ma mère a retrouvé une lettre envoyé durant une autre colonie. Je la livre ici avec commentaire. Je ne reviendrais pas sur les aspects épistémologiques et méthodologiques du précédent article.
Texte et transcription
Nous avons affaire à une carte postale. Le cachet de la poste nous précise la date et le lieu d’expédition : 16 juillet 2004 à Combeaufontaine, soit l’été de mes quatorze ans. Les souvenirs sont donc plus présents à mon esprit que pour les précédents documents.
Transcription de ma prose (fautes comprises, mais adresse postale de destination exclue) :
Coucou tout le monde. Je vous ai pas écrit avant parceque j’était occupé (Mais j’ai envoyé un courriel)
Comme vous voyez on a visité une grotte. Je vous dirai plus de détail quand je rentrerais. Sachez seulement que c’est un [recouvert par le timbre] qu’elle mesure 14 km ce qui la place sur le podium des plus grand site géologique Français, avec le gouffre de Padirac.
Bisous
Maïeul
Commentaires
Décentrement du focus
Par rapport aux précédentes lettres, moins de détails concrets sont donnés sur la colonie, que ce soit quant aux activités ou quant à la vie quotidienne. Est-ce parce que, écrite à une époque où j’avais déjà de nombreuses expériences de colonie, cela ne m’importait plus ? Ou bien est-ce la réserve lié à l’adolescence ?
Deux éléments me font pencher en faveur de la seconde hypothèse.
Tout d’abord, je ne précise ne pas avoir eu le temps, car "j’était (sic) occupé". Je me souviens précisément à quoi j’étais occupé (entre autre) : lire le manuel de SPIP ; autrement dit, à être dans le monde pour lequel j’étais venu sur ce camp, celui de la découverte de l’informatique. Je ne jugeais cependant pas utile de l’expliquer : l’adolescence est précisément l’un de ces moments où l’on se garde une réserve vis-à-vis des adultes qui nous éduquent.
On retrouve cette même réserve dans la précision "je vous dirai plus de détails quand je rentrerais (sic) [1]". Encore une fois, je met de la distance avec mes correspondants, en renvoyant à plus tard le récit de ma visite.
L’importance des guides
Je me rappelle très bien du contexte de la visite de la grotte d’Osselle. Je l’avais effectué avec un/une anim et deux ou trois autres jeunes, pendant que les autres jeunes faisaient de l’accrobranche, activité pour laquelle j’avais (et j’ai encore) les plus grandes réticences à pratiquer. La grotte est, d’après mes souvenirs, fort jolie. Mais on remarquera que je n’en dit rien. En revanche, j’utilise une expression singulière "elle mesure 14 km ce qui la place sur le podium des plus grand site géologique Français, avec le gouffre de Padirac."
Bien que j’ai eu dans mon enfance certaines expressions du langage soutenu, la formulation paraît ici trop stéréotypée. Il est bien probable que j’ai repris la formulation du/de la guide. Le ou la guide touristique joue un rôle important dans la visite des lieux culturel. Il n’en définit pas seulement le parcours, mais en donne également aussi le ton : ce que le moi de quatorze a retenu de cette grotte était sa longueur, qui fait la fierté de ses gérants. Encore aujourd’hui, le site internet de la grotte commence ainsi sa page d’accueil.
Commencez dans le Doubs et poursuivez dans le Jura tout au long des 1200 mètres visitables de la grotte. Avec le gouffre de Padirac et la grotte de Bétharram, c’est l’un des plus longs parcours aménagé de France.
Conclusion
Cette lettre témoigne finalement assez peu des activités de Planète Sciences. La seule activité mentionnée ici concerne la visite de la grotte... qui constitue précisément l’objet de la carte postale. Au fond, on peut se dire que le texte vise plus à commenter l’image que l’image a illustrer le texte. On est typiquement ici sur une activité "de consommation" : les animateurs amènent les jeunes à une activité touristique, qui, en l’occurrence, pratique une pédagogie verticale.
Par ailleurs, on est sans doute dans un cas où, finalement, la photo de la carte est plus importante que l’inverse. In fine ma prose n’est qu’une paraphrase de la photo. La visite de la grotte, et de son stands de vente de carte postale a été une occasion d’écrire à mes parents — occasion que j’aurais peut être ratée sinon.
Bien sûr, il n’y avait pas que cela sur ce séjour. En ce sens cette carte est un bon exemple du caractère nécessairement partiel — et pas seulement partial — de toute source historique.