Repenser : la Réssurection de la Chair

J’ai décidé d’écrire, de temps en temps, des articles intitulé "repenser" pour repenser les textes phares du Christianisme, le Notre Père, le Credo, Le Symbole des Apôtres. Car on ne peut plus tenir aujourd’hui le même discours qu’il y a deux milles ans. Pour autant, je continue à réciter ces textes à la messe. Pourquoi ? Par habitude certes, par esprit de groupe aussi.

Mais encore faut-il être cohérent avec moi même.

Dont acte. Aujourd’hui, je parlerais de l’article du Credo « Je crois en la Réssurection de la Chair »

La Réssurection des corps ?

La Réssurection de la chair s’agirait-il de la Résurrection des Corps ? Pourquoi pas, mais n’est-il pas écrit <bible|passage=Lc20,27-38>

Ainsi, on voit, la Réssurection est quelque chose de tout autre qu’une simple réanimation du Corps.

La Résurrection de l’àŠtre ?

Dans l’anthropologie sémite, on ne fait pas la différence entre l’âme et le corps. L’homme est un tout. La Résurrection de la Chair signifierait donc que nous ressusciterions dans notre plein et complète identité, non sans quelques transformations. Cela s’accorde avec mon idée selon laquelle Dieunous appelle dans notre identité actuelle, dans l’état ou nous sommes (ainsi, appel-il les gens par leur noms).

Ainsi, sans avoir à me préoccuper de comment sera la Résurrection post-mortem, je crois fondamentalement qu’elle ne sera pas une négation de ce qu’on a été. C’est pourquoi je ne crois pas à la réincarnation, qui ne garde de nous que l’âme - et encore, souvent avec une forme d’amnésie.

Mais on peut aussi comprendre la Résurrection de la Chair comme résurrection pre-mortem

La Réssurection ici-bas ?

<bible|passage=Lc20,38>

Affirmation centrale s’il en est. Ce qui intéresse Dieu, et par conséquent l’homme dans sa foi en Dieu, c’est la vie hic et nunc.

La chair peut dès lors être compris comme ce qui touche à la vie ici-bas, (nous vivons dans la chair), par rapport à une vie post-mortem.

La Résurrection de la Chair serait le refus de la fatalité. La possibilité pour l’homme de se reconstruire [raison pour laquelle je refuse « la détention de sûreté », qui enferme l’homme dans ce qu’il a fait de pire]. Elle s’accorderait à merveille avec cette belle définition de la foi :

Avoir foi en Dieu, c’est avoir foi en une force de résurrection et de transformation créatrice à l’œuvre dans le monde. La foi est cette expérience par laquelle nous sommes saisis par une parole, un geste, un événement, qui nous raccrochent à la vie et ré-enchantent notre existence. Pour dire ressusciter, mot à la signification si grandiose et éloquente, le Nouveau Testament utilise les mêmes mots que pour désigner les actions, si simples et si banales, de se réveiller et de se lever.

Avant d’être ce que le christianisme en a fait, comme victoire de la vie sur la mort, comme sentinelle en armes contre les puissances de mort, comme fête de la vie dans ses éclats les plus extravagants, la résurrection, c’est le réveil, un matin »¦ La foi guérit lorsqu’elle est précisément cet élan vital, cette force résurrectionnelle qui nous remet debout en nous arrimant à ce qui valide notre vie : une résurrection contre l’inappétence au désir, une insurrection contre ce qui nous bride et nous aliène.

La foi n’est donc pas d’abord foi en quelque chose ou en quelqu’un, elle n’est pas prioritairement adhésion dogmatique ou confession religieuse ; la foi est le mouvement même de la vie dans sa lutte patiente et courageuse pour surmonter ce qui nous met en incapacité d’exister. La foi en Dieu est une modalité, parmi d’autres possibles, de cette foi toujours plus originelle par laquelle nous sommes ressuscités au monde et à la vie.

Raphaël Picon, in Evangile et Liberté n°220.

Oui, décidément, je peux dire, sans honte et sans gêne « Je crois à la Résurrection de la Chair »