Réflexions sur le travail le dimanche
Notre gouvernement est en train de réfléchir à la possibilité d’étendre la possibilité du travail dominical, notamment dans le commerce. Je livre ici mes réflexions à ce sujet.
Mes parents ont parfois travaillé le dimanche. Sauf qu’ils sont professions libérales, et que ce sont eux qui ont choisi de le faire. Or, encore une fois, ce qui ne serait qu’un « proposition », le fait de travailler le dimanche, risque de devenir vite une obligation. En effet, rappelons nous ce qu’il en a été pour les 35 heures, et le nombre de chantages à l’emploi pratiqués par des entreprises, qui ont contraint ainsi les salariés à travailler 39 heures.
Regardons les arguments utilisés :
1) Permettre de gagner plus, pour augmenter le pouvoir d’achat. Le grand slogan « travaillez plus pour gagner plus ». Je reconnais volontiers que pour certains cela devient de plus en plus difficile de vivre. Pour autant, il existe d’autre manière d’augmenter le « pouvoir d’achat » [1] Par l’isolation massive des bâtiments, donc la diminution des charges. Par le rapprochement domicile-travail, donc la diminution du coût des transports. Seulement pour cela il faudrait une politique d’investissement de la part de l’Etat, et donc revenir sur le cadeau de 15 milliards au personnes les plus riches de France [2]. Sans compter une augmentation des salaires des employés, avec une baisse de la part revenant aux actionnaires (l’écart revenu distribué aux salariés - revenus distribués aux actionnaires s’est considérablement agrandi depuis les années 80).
2) Autre argument : tout le monde n’est pas chrétien, donc pourquoi le dimanche ? à€ vrai dire, rien ne me gênerait si certains demandaient à se reposer le samedi ou le vendredi. Du moment qu’un jour de repos hebdomadaire est laissé. Ceci dit, si chacun posait son jour de repos différemment des autres personnes, j’imagine vite le bazar.
3) Un argument massue « relancer la croissance, relancer la consommation ». D’un point de vue pragmatique, je vois mal comment relancer la consommation alors que le « pouvoir d’achat » est en baisse. Surtout, n’a-t-on pas aperçu comment ce culte de la croissance et de la consommation à fait du dégât, tant sur le plan environnemental que sur le plan social (pour la croissance on pollue, pour la croissance on accroît la pression du travail) [3]. A l’heure où à l’Assemblée Nationale on vote la loi Grenelle, et où l’on reconnaît (avec plus de vingt de retard sur les écolos) que le modèle productiviste a conduit à une impasse, c’est pour le moins paradoxal. Enfin, une telle idée revient à considérer que le dimanche devrait être fait pour la consommation. Consommer devient un impératif. N’est pas citoyen celui qui ne consomme pas. Mais dans la vie, il y a plus que la consommation non ? Discuter, élever ces enfants, faire la fête, mener une vie associative, lire, se balader en forêt etc. Le dimanche, n’a-t-on pas mieux à faire que d’aller dans les Temples de la consommation que sont les supermarchés ?
Non, il s’agit encore une fois dans cette histoire d’une remise en cause du droit au repos hebdomadaire, au nom d’une sorte de fatalisme. On essaye de faire accepter une mesure anti-social parce qu’il n’y aurait pas le choix. De même qu’avant on a forcé à accepter la dérugalisation économique au non d’un réalisme. On voit où cela à mener. Mais on a toujours le choix, il n’y a pas de fatalité. Certs ils y a un principe de réalité. Mais il faut aller par delà ce principe.
Pour faire une comparaison, risquée je l’admet, avec la foi chrétienne, on ne peut nier la Croix. Ce serait même faire preuve d’une œuvre du démon. Mais par delà la Croix, il faut passer à la Résurrection. Non, il n’y a jamais de fatalité absolue. Dans notre cas, on peut s’en sortir autrement qu’en cassant le droit du travail.
Pour finir, j’aimerais citer un passage d’un livre datant du VIIIème siècle avant Jésus-Christ. Qui montre qu’à l’époque, déjà les riches voulaient casser le droit au repos hebdomadaire pour des motifs peu avouables. Il s’agit du livre d’Amos.
<bible|passage=Am8,4-6>
ps : intervention de Martine Billard à l’AN ce 3 décembre