Lettre à ma grand-mère

Comme nombre de personne âgées, ma grande mère est actuellement cloisonnée dans son EPHAD.

J’ai pour ma part pris la décision depuis une semaine de limiter drastiquement ma vie sociale, en restant chez moi. Nous sommes dans une société où internet marche encore. Pour une fois que cet outil est vraiment utile, profitons en pour limiter, pour un temps, le contact social physique. C’est la seule manière de ralentir au maximum l’épidémie, car nous sommes sur un accroissement exponentiel, et qu’il est vital de ne pas saturer les hopitaux (même si c’est déjà trop tard, rien n’est jamais trop tard).

J’ai donc demandé au personnel de son EPHAD s’il pouvait éventuellement lui transmettre un message, car nos vieilles et nos vieux ont en tout temps besoin de lien social.

Je le recopie ici, en censurant les passages personels.

Chère Mamie,

j’espère que tu vas bien. Ici à Lausanne, en raison du nouveau virus, nous commencons à nous mettre en quarantaine. La vie sociale se réduit progressivement. Par certains aspects, cela me fait penser à la débacle de 40. Je ne sais pas comment toi tu l’a vécu, mais je le vois ainsi : un moment surréaliste de panique avec un mélange de chacun pour soi et de solidarités.

Grâce à des gens comme toi et comme Grand-Père, le cap de la guerre est passé. Ca a été long, avec des dégâts énorme mais c’est passé. J’espère que le cap de cette crise sanitaire aussi.

Le conseil nation de la résistance avait permis qu’après la guerre, une nouvelle vie commence, avec une autre organisation de la société. Je ne sais pas ce qu’il en sera pour cette crise, mais j’espère aussi qu’on aura de gros changement. Que l’on se rendra compte de l’importance du lien social, de l’associatif, de la famille. Que l’on arretera de mesurer le bien être de la société à l’augmentation du PIB et des échanges commerciaux.

Nous sommes en temps de carême. Je n’avais jamais vécu ainsi ce temps. Ce temps d’attente, de restriction. Ce temps qui ouvre également sur un évènement dramatique, mais aussi à la Résurrection. La vie continue malgré tout. Et elle reprendra ses droits.

Je t’embrasse

Maïeul