Et dieu dans tout ça ?

Avertissement : j’aborde ici un sujet sensible, qui pourrait sans doute choquer certains. Mais c’est volontairement que je mets les pieds dans les plats. Toutefois, pour éviter tout débordement (comme cela m’est déjà arrivé), je règle le forums « modéré à priori » (mettre le lien)

Bien sûr, cet article est incomplet, et à priori ne sera jamais « fini »

Dieu s’intéresse-t-il à la politique ?

On peut prétendre que non, que Dieu est au dessus de tout cela, ou que Jésus lui même nous enseigne qu’il faut « rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Ou encore que la foi dépasse les clivages politiques, ce qui est vrai dans une certaine mesure, ainsi, il existe un groupe des parlementaires chrétiens, toutes tendances politiques confondues, cherchant à réfléchir à ce que la foi peut/doit apporter dans leur fonction d’élu.

Pourtant, pour moi la réponse me semble assurément oui. En effet, Dieu est plein d’amour pour l’Homme, au point d’envoyait son Fils. Pour ainsi dire, « Dieu est tombé amoureux de notre humanité » [1], dés lors, il ne peut que vouloir que son bonheur.

Dieu, donc s’intéresse à l’Homme. L’Homme dans tous ses aspects, personnels, sentimentales, mais aussi sociaux, dans ses relations avec l’autre, aux hommes dans leurs vies ensembles, dans leur vie en cité. La vie de la cité, telle est le premier sens du mot politique, un homme politique, c’est quelqu’un qui s’occupe de cette vie de la cité. Assurément, Dieu s’intéresse à la politique.

Dieu prend-il parti pour un candidat ?

Au cours de l’Histoire, bon nombre d’hommes et femmes politiques se sont cru envoyés de Dieu. Que d’horreur cela a-t-il engendrés. Pourtant, l’« Esprit souffle où il veut », nul ne peut prétendre avoir l’Esprit avec lui, ou du moins en avoir le monopole.

Pour autant, peut-on dire que Dieu ne prend pas parti ? Non. Mais il ne prend pas parti en fonction des individus, mais bien des idées que ces derniers défendent.

Dieu est-il de gauche ?

Il y a quelque chose de blasphématoire à poser cette question, à vouloir dire ainsi l’orientation politique de Dieu.

Assurément, la réponse dépend sûrement de la personne qui y répond. De nombreux croyants de droite diraient qu’il ne l’est pas, sommes toute, le risque est grand, de sombrer dans les travers cités plus haut, de se croire « investi par Dieu »

Pourtant, à un moment ou un autre, le croyant doit se poser cette question : non seulement ce que je vis, ce que je fais, mais aussi ce que je décide est-il conforme à ce que me demande Dieu : « aimer son prochain comme soit même ». Aimer son prochain ce n’est pas seulement avoir un vague sentiment de compassion avec lui, c’est aussi tout faire pour lui.

Le bon samaritain ne se contente pas de regarder le blessé sur la route et de dire « pauvre homme ». Non, il le prend avec lui, le soigne, en prend soin. Il agit !

On pourrait dire : nul besoin de politique pour agir pour son prochain. L’engagement associatif, voir même la vie quotidienne peut déjà être au service du prochain. C’est vrai. Mais il ne faut pas pour autant négliger l’impact d’autre acte, un acte politique, ce n’est pas rien, ce n’est pas sans conséquence. Certes, il nous arrive que les conséquences ne sont pas celles que l’on prevoyait. Mais tout de même. Je ne suis pas toujours d’accord avec ce que dit la hiérarchie catholique, mais quand celle-çi rappel que prendre part au processus démocratique est non seulement un devoir civique, mais aussi un devoir chrétien, je l’approuve. ("Il n’est pas dans la mission de l’Eglise de désigner un candidat ni de faire le choix d’un parti. Mais il est de son devoir d’apporter sa contribution au bien de la société en proposant sa réflexion et l’engagement politique de ses membres", Cardinal Jean-Pierre Ricard)

Quelques valeurs de Dieu

Alors, qu’elles sont les valeur politiques de Dieu ? Quelques extraits de texte bibliques peuvent nous aider.

L’amour des pauvres

Manifestement, Dieu semble avoir une préférence pour les pauvres, « Heureux, vous qui êtes pauvres, car le royaume de Dieu est à vous » (Luc 6, 20), et une certaine méfiance envers les riches « Il est plus facile à un chameau d’entrer dans le chat d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume des Cieux » (Luc 18, 25) , voir, une certains haine « Malheur à vous les riches, car vous tenez votre consolation »(Luc 6,24), « Malheur ! Ceux-ci joignent maison à maison, champ à champ, jusqu’à prendre toute la place et à demeurer seul au milieu du Pays » (Is 5,8)

Assurément, Dieu ne plaint pas ces malheureux riches surchargés d’impôt. Il prend le parti des pauvres ...

Maintenant, la question est de savoir quel camp politique a manifestement pris le plus le parti des pauvres ?

Quel est celui qui a œuvré pour que tous puissent avoir une éducation et une culture, en rendant obligatoire l’école ? Quel est celui qui leur a permis d’avoir des vacances ?

Le souci de l’étranger

« J’étais étranger, et vous m’avez accueilli 
 Quand-est ce Seigneur que nous t’avons accueilli ?
 Amen , je vous le dit, tout ce que vous avez fait à cet étranger qui est mon frère, c’est à moi que vous l’avez fait »

(Matt,25:35-40)

Inversement

« J’étais étranger, et vous m’avez rejeté.
 Quand-est ce Seigneur que nous t’avons rejeté
 Amen, je vous le dit, tout ce que vous avez fait à ces étrangers qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait »

(Matt,25:42-45)

L’étranger, c’est le Christ lui même. Aujourd’hui, quand on demande à un étranger d’être utile pour venir en France, quand on « choisit » l’étranger selon une finalité économique, et non pas parce qu’il est frère, parce qu’il est en danger chez lui, c’est le Christ que nous rejetons.

Certains candidats, comme un certain Sarkozy ou un autre Lepen, qui se flattent si souvent de valeurs chrétiennes, feraient bien d’y réfléchir.

Les sujets qui fâchent

Fort bien, me direz vous. Mais l’avortement, et l’homosexualité, Dieu n’en a -il pas une sainte horreur ?

Tout d’abord, il faut noter que cela est du domaine de la vie privée. Et non pas des relations des individus entre eux dans la société. En un certains sens, cela n’est plus tout à fait de la politique.

Mon corps m’appartient

L’église catholique, ou du moins sa hiérarchie, se fait fort ,très souvent, de lutter contre les lois autorisant l’avortement...

Pourtant, pourtant ... « Je crois en la résurrection de la chair », il ne s’agit pas là d’une texte de la bible, mais d’une affirmation du Credo. Cette affirmation, contient notamment le rejet de la réincarnation, mais aussi l’affirmation qu’un individu se caractérise par son corps et son âme, qu’on ne peu séparé les deux, que le corps d’un individu est lui, est une partie de lui.

Mon corps c’est moi , il m’ appartient ! Raison pour laquelle on en prend soin, et pour laquelle il nous arrive d’« être mal dans sa peau ». Ainsi, de manière assez surprenante, la revendication des féministes des années 70 se retrouve d’une certaine manière dans la foi chrétienne ...

Certains diraient que le corps n’appartient qu’à Dieu. Mais somme toute, tout appartient à Dieu, il est a l’origine de toute chose, mais Dieu le confie à l’homme, de la même manière qu’il lui confie le monde...

Oui, mais l’embryon ... n’est ce pas tuer un être humain que d’avorter ?

Pourtant, la Bible nous enseigne que la vie humaine, c’est bien plus qu’un tas de cellule.

Ainsi, certains théologiens catholiques, malheureusement trop souvent réduis au silence par Rome, ont réfléchi dans les années 70 à la question. Lors d’un colloque du Centre Catholique des Medecins Français, Philippe Roqueplo disait « Pour qu’un embryon soit déclaré véritablement humain, il faut qu’il soit effectivement destiné à devenir un homme, il faut qu’on se sache capable de le faire vivre, qu’on l’accepte et qu’on décide de l’introduire un jour dans la communauté humaine », ou encore Pohier « Sur quoi s’appuie-t-on pour dire qu’ils (les hommes) doivent, au nom de Dieu, faire vivre un embryon alors que tout semble indiquer qu’il ne pourra pas avoir une vie humain ? » [2]

L’homosexualité

Il faut être franc, la Bible n’est pas tendre avec les homosexuels... Pourtant peu de passage en parle, Jésus lui même n’en touche mot, car peu lui importe.

Cependant, regardons ceci « Il n’y a plus ni Juif, ni Grec ; il n’y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus-Christ. (Ga 3,28) »

Jésus vient abolir toute les fausses distinctions humaines. St-Paul ne l’a pas écrit, car sans doute est t-il trop marqué par sa culture. Mais déjà , il annonce que la nécessité de l’Evangile peut amener à rompre en parti avec ses habitudes, ses à priori ... il annonce la complète égalité de tous.

Alors oui, militer pour les droits des personnes homosexuelles, c’est aussi militer pour l’Evangile.

J’invite les personnes que la question intéresse à consulter le site David et Jonathan

Ah oui, aux autorités catholiques qui me prétendent que l’homosexualité est contre la volonté de Dieu car empêchant la reproduction ou niant l’altérité homme/femme, je leur répond : on en reparlera le jour où les prêtres pourront se marier et être des femmes ...

Notes

[1Fr. Jean-Luc-Marie Foerseter in Un chemin où l’on tombe,http://www.retraitedanslaville.org

[2Lire à ce propos, le hors-série N°16 des Réseaux Parvis « La sexualité », octobre 2006